LIRE – LE MAGAZINE LITTÉRAIRE
« Bien connue des militant·es féministes — l’autrice écrit en tant que femme, pour les femmes —, Stefan(e) nous présente dans son dixième roman la solitude de sa virilité avec une impétuosité maitrisée, pour notre plus grand plaisir littéraire. »


LE MONDE
« Dans La transmutation de l’eau, l’abolition des couleurs résonne avec l’escamotage du mâle. Tout tombe lentement. Si ce n’est l’héroïne, qui ombre au fil des pages le terrain poétique de son émancipation. »


LIBÉRATION
« Un féminisme enfin délesté du care. »


LIVRE HEBDO
« Au cœur même des montagnes, un amant disparait sans laisser le moindre indice. L’énamourée tombe, elle tombe lentement dans le noir et blanc du vivre. Dans sa chute, elle ne ressent étonnamment pas de tristesse, elle tente d’habiter la béance, danse sur la glace et passe son temps à ouvrir et fermer la porte à un chien qui ne sait pas ce qu’il veut.
Hantée par des rêves de combattants antiques, la femme apparait plus dense et entière au fil du temps, jusqu’à devenir une héroïne méditative. »


TOUT CHIEN (LE MAGAZINE DU BEAU ET BON CHIEN)
« Dans La transmutation de l’eau, l’homme disparait (Ulysse ?), un chien apparait (Argos ?), mais celui-ci traverse le roman furtivement : il est aussi un mâle. Stefan(e) s'amuse de son lectorat, par des effets littéraires où le genre des chiens subit le même sort que le genre masculin. Une littérature canine radicale. »


LA DÉFERLANTE, LA REVUE DES RÉVOLUTIONS FÉMINISTES
« La transmutation de l’eau met en scène la disparition symbolique de l'homme : Stefan(e) parvient habilement à contrer les discours de souffrance, les ouins-ouins des hommes qui se sentent dépréciés socialement dans l'ère post MeToo. Ces réflexes masculinistes remontent à Aristote, et c’est par cet accaparement du statut victimaire que les hommes peuvent légitimer une reconduction ou un renforcement de l’ordre social inégalitaire. En ce sens, La transmutation de l’eau remet les choses en place, non sans style littéraire, et c'est pour notre plus grand bonheur. »


JARDIN LITTÉRAIRE
« Stéphane De La Fleur De Peau — son nom d'origine — nous propose un feu d'artifice littéraire des plus rares, dans une ambiance noir et blanc. Ce hiatus entre les couleurs vives de son écriture, japonisantes, et les ambiances noires, montagnardes et hivernales, nous transporte dans un entre-deux particulièrement jouissif. »


LE FIGARO LITTÉRAIRE
« Disparaître, n’est ce pas la meilleure manière d’apparaître ? De révéler son absolue nécessité (ou peut-être son absolue inutilité) ? Dans un contexte féministe, que l’on pensait à son paroxysme, Stefan(e) vient interroger notre lien inconscient à la figure masculine, encore bien en place. La transmutation de l’eau bouscule comme rarement la pensée masculiniste et le mâle alpha. »


POLAR MAGAZINE
« Un homme est mort, l’est-il vraiment ? »


CAUSETTE
« Parce qu’elle refuse de se taire, Stefan(e) fait entendre la part inconsciente du désir féminin : exister avec la disparition de l’homme, autonomiser le féminin. Prendre au sérieux la voix de Stefan(e), c’est faire entendre les contenus libidinaux, traumatiques, vitaux, qui animent les combats et les rêves, les frustrations et les voix des femmes. »


LES ARLEQUINES FÉMINISTES
« Quand la forêt s’endort, elle ouvre, béante, sa gueule noire. Avalé par la forêt, l’amant disparu devient le personnage principal qui vient hanter l’héroïne. Ou comment Stefan(e) transforme un oiseau de passage (l'amant) en un animal en voie de disparition. »


L’HUMANITÉ
« Une femme décide de se libérer de ses carcans sociaux et de ses faux-semblants. Passé la stupeur de la disparition soudaine de son amant, elle prend cette anesthésie comme une invitation à une individuation tant désirée et enfin conscientisée. À l’époque de MeToo, comment repenser la féminité en l’absence de l’homme ? »


LES INROCKUPTIBLES
« L'héroïne s’emmerde, les lecteurs et lectrices aussi, et ce n'est pas ces jeux de mots lacaniens de fond de tiroir qui aident à tendre la narration (”l'âme ment et disparait”). Pourtant ce livre emporte les lecteurs et les lectrices. Jusqu'à l'apogée finale, où le texte disparaît dans un dégradé de noir, puis de gris et enfin de blanc neige. Un effet littéraire et plastique saisissant. »


GAZE, LA REVUE DES REGARDS FÉMININS
« Une nécessaire disparition de l’homme en sa masculinité toxique. »


L’ESTUAIRE
« Un roman totalement improbable, où les disparitions de l’amant — un Ulysse au masculinisme incarné — alternent avec les réapparitions du chien. Des thèmes bien connus de cette autrice francophone. Le livre, tout écrit au passé composé, enchantera les amateurices de langue française. »


QUESTION DE PHILO
« Un bijoux littéraire, tramée de poésie, pour un véritable traité de la contemplation, entre tao et féminisme. »


OUEST-FRANCE
« Dans son dernier ouvrage chamboule-tout, Stefan(e) fait fi, comme toujours, d’une dimension autobiographique qu’elle exècre. Une élégance que nous adorons, ici, dans l’Ouest de la France : l’imaginaire met des robes longues à nos idées courtes. »


LE SOIR – L'ACTUALITÉ EN DIRECT EN BELGIQUE ET AILLEURS
« L’aura de Stefan(e) sur la scène littéraire s’est construite autour de la relation de ses personnages aux hommes, souvent disparus ou en voie de disparition. Comme si la présence de l'autrice belge dans la littérature francophone s’amplifiait au fil de la rétractation des hommes dans son œuvre. Chacun pourra, à sa guise, interpréter librement ce phénomène sociéto-littéraire, mais nous pourrions émettre cette hypothèse : il s’agit d'une métamorphose. Quand l’homme disparait, un chien apparait. On ne peut qu’opérer un rapprochement avec La métamorphose de Kafka. Avec le génie de Kafka en moins. »


FANNY VOISINES (blog)
« La transmutation de l’eau a trouvé son genre — le roman méditatif — tandis que ses personnages sont dégenrés. Dans ces narrations non-binaires, les héroïnes s’appellent souvent Camille. La bisexualité psychique, peu traitée en littérature, mérite ici une attention particulière tant l’approche de Stefan(e) est fine. On sait depuis peu que l’autrice a forgé son socle littéraire dans l'amitié avec une collective franco-belge, Bye Bye Binary (BBB). »


PHILOSOPHIE MAGAZINE
« Lire le dernier opus de Stefan(e) élargit le champ de nos perceptions et affects, nous ouvre à un autre corps de sensation, ni le vôtre ni un autre. Des sensations à éprouver,
à vivre, à penser — un livre où nos subjectivités, un temps, se défont et se
recomposent, différentes. Du grand art (quoiqu’un peu longuet). »


REVUE21.FR
« Un peu timide mais un livre indispensable. » (Virginie Despentes.)


L'ACTUALITÉ CHIMIQUE (RUBRIQUE ARTS)
« Comme si l’atmosphère noir et blanc de La transmutation de l’eau était l’exacte réponse à l'écrit noir sur blanc des livres. Avec parfois des trous noirs dans le texte, pour le moins troublants. Pour Stefan(e), le fond et la forme ont toujours été la même chose. On pourrait presque affirmer que chez Stefan(e), la forme c’est le fond qui remonte à la surface. »


EVENE.LEFIGARO.FR/CITATIONS/MOT=AMANT
« Un amant mort vaut mieux qu’un amant mou. » De Stefan(e), La transmutation de l’eau

La transmutation de l’eau, Stefan(e), 2024

Un homme disparait
Un chien apparait-disparait
Une femme tombe lentement, et



Entretien express avec l’autrice

Vous avez eu un désaccord fondamental avec la maison d’édition Petit moulin à bras en ce qui concerne le titre. Qu’en était-il ?
Outre la couleur très Arlequin du titre d’origine (La disparition de l’amant), cet en-tête mettait l’homme au centre du jeu et posait comme seule intrigue : « Et maintenant que l’homme n'est plus ? ». L'éditeur tenait à cette entrée, or ce livre interroge davantage ce qui se passe pour la femme avec la disparition de l’homme — il n’est plus là. Et maintenant que la femme est solitaire ? Dans mon livre, la femme change d’état, elle transmute. Comme l’eau qui devient glace. Et peut devenir eau qui coule en torrent du vivre.

La réception choc de votre dernier ouvrage ne viendrait-il pas révéler l’incapacité de la société à accepter que les hommes soient en retrait ?
Exactement ! La transmutation de l’eau est une victoire pour toutes ces femmes qui se sont tues. De fait, il y a un chapitre où la contemplation bascule dans l’ennui total, car l’héroïne n’a pas appris à vivre avec elle-même.

On associe généralement le héros au principe du « faire », caractéristique du masculin. La transmutation de l’eau retourne de façon inattendue cette posture : l’héroïne contemple autant les paysages de montagne que son intériorité.
Oui, la lecture de La transmutation de l’eau devient la lecture de notre forêt intérieur, infinie — magie de la littérature. Je cherche une héroïne qui s’arrête, et (se) regarde. Une héroïne qui a du temps. Qui choisit d'avoir du temps. L’aridité des paysages contraste avec la profusion d'images mentales, épaisses et luxuriantes. C’est une approche personnelle de la littérature éco-féministe.

Votre tour de force tient à votre écriture de l’ambiguïté : nous ne savons pas vraiment si l’amant est mort ou pas, et cette question devient, au fil des pages, complètement anecdotique. Vous avez une propension à créer une double interprétation potentiellement incompatible.
Je ne cherche pas à ce que les gens sortent de l’œuvre satisfaits ensemble. La mort (ou pas) de l’amant devient un simple élément perturbateur au fil du roman, avant d’entrer dans une zone calme, contemplative. Le livre devient un livre sans fin.

Vous êtes une grande lectrice de Rainer Maria Rilke, et généralement intarissable à propos de votre « nécessité intérieure d'écrire ». C’est toujours le cas ?
Si vous vous demandez pourquoi vous écrivez, interrogez-vous au cœur de la nuit, éventuellement à l’heure la plus glaciale. Moi je connais une nécessité impérieuse d’écrire, et à l’heure plus glaciale de la nuit. Je m’écris en même temps que mes livres.

Pourtant, dans votre dixième opus, votre prose magnétique a disparu, comme votre personnage que vous nommiez « principal », l’amant. Les paysages noir et blanc très (trop ?) présents auraient déteint sur votre écriture devenue presque... surannée ?
Je rêve qu’on puisse me relire avant de me lire, on m’aimerait bien mieux.

Vous êtes, avec Daniel Pennac, l’écrivaine francophone la plus engagée dans la désacralisation du livre — on vous a même vue défendre à la « la Grande Librairie » la mésinterprétation, l’emprunt, le pastiche ou l’arpentage de vos propres ouvrages. Vos prises de parole déconstruisent l’approche morale de la lecture. Votre manifeste de la lecture, en trois mots ?
S’endormir sur un livre. Lire à table et sur la table. Faire l’amour en lisant.

BIOGRAPHIE

Romancière française, Stefan(e) est née en 1988 de parents inconnus. Dans son village fleuri, le hasard la fit adopter à 5 ans par un musicien de jazz héroïnomane.

Elle quitte le foyer familial à l’âge de 16 ans, après la mort de son père, un « homme sensible ». Elle devient maman solo et élève sa fille dans l’expérimentation neutre (sans substances). Elle se fie à la psychanalyse pour tenir debout — son écriture reste très marquée par l’approche lacanienne — et aime à dire qu’elle est a-femmée.

Elle se fait connaître dans le milieu de la nuit et son activisme féministe entre ses 15 et 25 ans lui ont valu les pires déboires (jusqu’au cachot). Elle défend depuis toujours l'égalité de droits avec les hommes — telle une fabrique de liberté, ce n’est jamais gagné, elle y travaille continûment, mais se réfère à des mouvements possibles, à des changements d'état au même titre que la transmutation de l’eau.

Si l’ambiguïté de genre est assumée dans ses livres, Stefan(e) s’affirme hétérosexuelle. Après un périple au Japon, en Suède, en Afrique de l’Ouest, dans les Alpes bavaroises, au cœur même de New York, elle vit maintenant dans une petite cité de caractère belge, tout près de Liège.

La transmutation de l’eau est son dixième roman.

Bibliographie

Pourquoi vit-on, Laffont, Paris, 1990 (prix Goncourt de la RATP).
Dans la chaleur de son corps, Laffont, Paris, 1996.
La sensibilité de l’huitre, La mer en mer, Paris, 1999 (prix du Bar d'en face).
Mon chien, ce héros, École du livre, Paris, 2005.
La manivelle bientôt (ou le retour de l’huitre close), Laffont, Paris, 2011.
No bio, La Fabrique, Paris, 2015.
L’art du puzzle incompétent, Laffont, Paris, 2018 (épuisé).
La mort du chien n’était pas si grave, Canine toujours, Paris, 2021.
La vie sentimentale des huitres en eau salée, Durocher marron, Paris, 2022.
La transmutation de l’eau, Petit moulin à bras, Paris, 2024 (prix du Mal de Chien).

Remerciement de l’autrice

Remerciement et pensées à Blanche Gardin.
Merci papa.
Aux amants disparus.
Aux viril·es enfin nu·es.
Merci à moi.
Merci à ma patience et à ma ténacité.
À Sylvester Stallone, sans qui ce livre n’aurait pas pu exister.

Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, France).

Salle culturelle de L’Envolée de la Chrysalide.

Ouvrage conçu le 8 novembre 2024 à l’occasion d'un temps fort de l’atelier Écrire dans la ville. Tout public.

En présence de : Marnie Chaissac (dans le rôle de l'autrice) et d’Émilie Boutet (dans le rôle de la co-modératrice).

Avec les complices et bénévoles d’Écrire dans la ville : Wenaël Aloë Scala, Carine Cottineau, Catherine Casnet, Yves Cailloce, Agnès Ëmmë.

Un grand merci aux habitant·es et aux professionnel·les de l’Envolée de la Chrysalide pour leur chaleureux accueil.

Clin d’œil à celles et ceux qui sont resté·es lors de la prolongation-débriefing, entre pommes, chips et fin de verres.

Avec le souffle de Laura Vasquez et son poème Tout tombe.

Post-production avec les appuis de Silvia Lippi et de Patrice Maniglier (Sœurs - 
Pour une psychanalyse féministe), de Gilles Deleuze et Félix Guattari (L'Anti-Œdipe) et de Mélanie Gourarier (conférence « Alpha mâle : la pensée masculiniste et ses adeptes »).