Presse-Océan
« Magique. Pierre Mahé nous emporte au cœur d’un monde auquel tout le monde peut, d’une manière ou d’une autre, se rattacher. Un livre où l’on reste captivé jusqu’à la dernière page, avec des personnages attachants et beaucoup de réflexions pour qui sait voir au-delà des mots. Un petit bijou qui plaira aux petits et aux grands. »

LIRE
« Aziz et Elisa, de Pierre Mahé, raconte beaucoup d’histoires en une, en nous montrant le vrai visage de la société actuelle. L’auteur arrive à nous faire ressentir des émotions très variées avec Elisa, le jardinier, la famille d’Aziz… Ce livre est tout simplement magnifique. »

Ouest-France
« Aziz et Elisa. Une histoire bouleversante qui vous fera vous questionner sur le sens de la vie. »

Aziz et Elisa, Pierre Mahé, 2019

Aziz a 8 ans, il rejoint la France. Toute sa vie, il aura 8 ans : c’est à partir de cet âge qu’il continuera à appréhender le monde.

8 ans, Aziz traverse la mer, découvre les enchantements d’un monde apaisé et surtout les yeux d’Elisa.

8 ans, l’âge de tous les dangers, le réceptacle de toutes ses grandes émotions, y compris religieuses : Elisa est d’origine chrétienne, et lui d’origine musulman, mais l’altérité s’apprend.

Et Aziz apprend vite avec les récits de sa soeur, des livres lus le soir, dans le placard à histoires.

Des rendez-vous salvateur, aux mille et une nuits de mots libérateurs.

8 ans, le temps de l’amitié avec un jardinier fan de carotte, avec qui il apprend à mesurer l’infini à chacune des récoltes de son jardin.

Et un jour comme les autres Aziz décide que, plus tard, il sera peintre pour donner d’autres couleurs à l’horizon du monde.

Extrait

Chapitre 1
« Encore un jour de ma vie perdu à cause de l’école», se disait Aziz, tandis que son professeur effectuait l’appel matinal exigé par l’établissement.Aziz est un jeune musulman, quelque peu introverti, âgé de huit ans, passionnéd’art et de théâtre. Avec sa silhouette élancée, on aurait pu penser à un jeune sportif, mais celui-ci détestait l’exercice et en faisait seulement sous la contrainte de son père, Hassam.Perdu dans ses pensées, le jeune artiste rédigea un poème pour sa bien-aimée Eliza, la jolie petite rousse, pleine de vie, dont il était amoureux depuis le premier jour d’école. Bien sûr, il serait trop timide pour le lui donner.Soudain, son professeur se leva et lui prit le papier des mains. Aziz sentit l’angoisse le submerger et le rouge lui empourprer les joues à l’idée qu’il puisse le lire devant la classe. A son plus grand soulagement, M. Cardin ne le fit pas et adressa un regard entendu et un sourire à l’écolier. L’enfant se surprit à voir l’adulte comme un ami à qui il pouvait se confier, quelqu’un de très différent de ses parents.[…] »

Chapitre 3
«Aziz ! Aziz ! Yallah ! Tu es en retard! Je me levai difficilement, m’extirpant d’un doux rêve avec peine. Il y avait Elisa dedans, comme toujours. Ses longs cheveux roux et ses yeux vert émeraude m’accompagnaient chaque nuit. Ma mère allait me passer un savon. J’avais dessiné tard hier soir, après, tant que mon père n’est pas au courant, ça devrait aller. Lui, n’a qu’une seule chose en tête: que je devienne un grand sportif. Sauf que moi et sport ça fait deux. Moi, ce que j’aime c’est dessiner, lire, écrire, créer, jouer la comédie. Je suis un peu un artiste en herbe.
D’ailleurs, en parlant d’herbe, j’avais promis à Albert que je lui rapporterai des pâtisseries de ma mère. Albert a le même âge que ma sœur Lise, son métier c’est jardinier et sa spécialité: les carottes. Je l’ai déjà vu travailler, c’est un automate. À force de faire toujours les mêmes choses, on n’y réfléchit même plus. Du coup, il rêve tandis qu’il écoute ma grande sœur, Lise, lui raconter des histoires, ils sont marrants tous les deux quand ils parlent sans se regarder, on dirait deux intimes étrangers ou des amants inconnus, je ne sais pas vraiment.
Je me souviens quand j’étais petit, ma sœur me racontait des histoires mais sans les livres, juste en me les disant. C’était notre moment à nous, on se posait dans un placard qu’on a fini par faire ressembler à un cocon avec coussins, couettes et petites lumières. J’y avais ajouté des dessins.
Bref, il fallait que je descende vite pour prendre mon petit-déjeuner composé de lait qu’on appelle «elben», d’une galette magrhébine et de fruits. Notre maison est typiquement celle d’immigrés, européenne à l’extérieur mais à l’intérieur, tapis, canapés, tapisseries, couleurs chaudes, grands plats se mélangent à l’odeur des épices et à la « musique de chez nous » comme le dit ma hana, ma grand-mère quoi. Elle, elle voulait rester chez nous en Algérie mais Baba et Imma n’ont pas voulu, on est sa seule famille. Du coup, cet été, on retourne en Algérie, dans le pays de nos racines. Hana m’a toujours dit qu’il ne fallait jamais oublier ses racines.
Après avoir fini prière, petit-déjeuner et des salutations matinales assez mouvementées, je saute dans mes vêtements et marche en direction de chez Albert pour lui déposer ce que je lui avais promis et, ce soir, je repasserai pour aller chercher des carottes pour le couscous du vendredi.
Tout en marchant, je repense à Elisa, cette fille que j’aime tant mais notre histoire n’est qu’une modernisation de Roméo et Juliette. Musulmans, chrétiens. Deux familles conservatrices. Une question me hante: pourquoi? Et cette question me paraît être toujours là. Lise dit que je suis jeune que ça passera mais je lis dans ses yeux qu’elle aussi se demande pourquoi […] »

Collège Saint-Anne, Carquefou (44)

Avec le théâtre de l'Entr'Acte & Les collégiens du Collège Saint-Anne à Carquefou.